Vaut-il mieux recruter un étudiant en stage ou en alternance ?

Dans un contexte où l'employabilité des jeunes devient un enjeu majeur, le choix entre un contrat d'alternance et une convention de stage se révèle crucial tant pour les étudiants que pour les entreprises. Ces deux modalités de formation en milieu professionnel offrent des opportunités d'apprentissage précieuses, mais elles présentent également des différences significatives qui peuvent influencer le parcours de carrière des futurs professionnels.

L'alternance, qui combine études théoriques et expériences pratiques, permet aux étudiants d'acquérir des compétences spécifiques tout en étant rémunérés. De l'autre côté, le stage, souvent perçu comme une première immersion dans le monde du travail, permet aux stagiaires de découvrir un environnement professionnel, généralement pour une durée limitée et avec une gratification variable.

Dans cet article, nous allons explorer en profondeur les distinctions clés entre le contrat d'alternance et la convention de stage. De la durée des engagements aux modalités de rémunération, en passant par le type d'accompagnement offert, nous fournirons un récapitulatif clair pour aider les entreprises et les étudiants à faire un choix éclairé.

Tableau comparatif : vaut-il mieux recruter un stagiaire ou un étudiant en alternance ?

1) Définitions: Qu'est-ce qu'un stage ? Qu'est-ce qu'une alternance ?

Le stage et l’alternance sont deux dispositifs qui permettent aux étudiants d’acquérir une expérience professionnelle pendant leurs études. Cependant, ces deux modalités présentent des différences notables dans leurs objectifs et leur structure.

Le stage est souvent une première immersion dans le monde du travail. Il s’agit d’une période de formation temporaire, généralement encadrée par une convention de stage. Son objectif principal est de permettre à l'étudiant de découvrir le fonctionnement d'une entreprise et de mettre en pratique les connaissances théoriques acquises lors de son cursus. Le stage peut durer de quelques semaines à plusieurs mois, et les missions confiées varient souvent en fonction du niveau d'expérience de l'étudiant et de l'entreprise.

En revanche, l'alternance repose sur une approche plus complète, mêlant formation en entreprise et cours théoriques dans un établissement de formation. Le but est de former l’alternant à un métier spécifique tout en l'intégrant pleinement dans l'entreprise. L’alternance, qui peut se faire sous un contrat d'apprentissage ou un contrat de professionnalisation, s’inscrit généralement dans la durée (de 1 à 3 ans), avec un salaire fixé par la législation. Elle est particulièrement adaptée pour les étudiants qui souhaitent se professionnaliser et accéder plus rapidement au marché de l’emploi.

2) Les différents types de contrats d'alternance

L’alternance se décline principalement sous deux formes : le contrat d'apprentissage et le contrat de professionnalisation. Ces deux types de contrats présentent des différences notables, que ce soit en termes de conditions d’accès, de finalité ou de rémunération, mais ils partagent un objectif commun : permettre à l'étudiant d'alterner entre enseignement théorique et expérience pratique en entreprise.

Le contrat d'apprentissage

Le contrat d'apprentissage est avant tout destiné aux jeunes âgés de 16 à 29 ans. Il s'inscrit dans une logique de formation initiale et est souvent associé à l’obtention d’un diplôme ou d’un titre à finalité professionnelle, du CAP jusqu’au niveau bac+5. L’apprenti suit des cours dans un centre de formation des apprentis (CFA) et passe le reste du temps en entreprise. La durée de ce contrat peut varier entre 1 et 3 ans en fonction du diplôme visé. L’apprenti bénéficie d’un encadrement rigoureux et doit être accompagné par un maître d’apprentissage au sein de l’entreprise.

Contrat de professionnalisation

Le contrat de professionnalisation, quant à lui, vise un public plus large. Il s’adresse non seulement aux jeunes de 16 à 25 ans, mais aussi aux demandeurs d’emploi de plus de 26 ans et à certaines catégories de bénéficiaires spécifiques (allocataires du RSA, par exemple). Ce contrat est conçu pour favoriser l'insertion ou la réinsertion professionnelle en permettant l’acquisition d’une qualification reconnue. La formation théorique est assurée par un organisme de formation, tandis que la partie pratique se déroule au sein de l'entreprise. Le contrat de professionnalisation peut durer de 6 à 12 mois, avec des exceptions allant jusqu’à 36 mois pour certains publics.

Comparaison entre le contrat d'apprentissage et le contrat de professionnalisation

Si le contrat d'apprentissage est principalement destiné à une formation initiale et à des étudiants encore en parcours scolaire, le contrat de professionnalisation se concentre davantage sur la formation continue ou la reconversion professionnelle. Le choix entre ces deux contrats dépendra des objectifs de l’étudiant, de son âge, de son niveau de qualification et des besoins spécifiques de l’entreprise.

Apprentissage vs. Contrat de professionnalisation: tableau comparatif

3) Durée et organisation : Alternance vs. Stage

L'un des principaux aspects qui différencient l'alternance du stage réside dans la durée et l'organisation de ces deux dispositifs. Bien que les deux offrent une immersion en entreprise, leur temporalité et leur structure sont fondamentalement différentes.

Durée des contrats : combien de temps dure un contrat d'alternance et une convention de stage ?

Le contrat d’alternance s’étend sur une période beaucoup plus longue que la plupart des stages. En alternance, la durée du contrat varie généralement entre 1 et 3 ans, en fonction du diplôme préparé et du type de contrat (contrat d'apprentissage ou contrat de professionnalisation). Cette durée permet à l'alternant de bénéficier d’une expérience professionnelle continue, tout en suivant des périodes de formation théorique. Le rythme de l’alternance est souvent défini par un calendrier fixe : par exemple, une semaine en entreprise et une semaine à l’école, ou plusieurs jours consécutifs dans l’un ou l’autre lieu.

En comparaison, le stage est plus court et souvent ponctuel. Il peut durer de quelques jours à 6 mois maximum pour un stage conventionné. La plupart des stages sont réalisés en fin de cursus universitaire, bien qu'ils puissent être obligatoires à différents niveaux d'études. Le stage permet une immersion limitée dans le temps, mais il peut constituer une première approche rapide du monde professionnel.

Flexibilité des horaires et organisation des temps de travail

L’organisation du travail en alternance est étroitement encadrée par le contrat et le calendrier de formation. L’alternant doit respecter des horaires fixes, à la fois dans l’entreprise et dans son centre de formation. Cela garantit une régularité dans l’apprentissage pratique et théorique, mais laisse peu de place à la flexibilité. L’alternance est souvent perçue comme une première expérience de l’engagement professionnel à long terme.

En revanche, le stage peut offrir davantage de flexibilité, en fonction des besoins de l’entreprise et des objectifs pédagogiques. Les horaires de travail sont souvent plus modulables, notamment pour des stages courts où l'étudiant peut être amené à jongler entre études et missions professionnelles. Cela permet une certaine souplesse pour adapter l’emploi du temps du stagiaire aux contraintes de l’entreprise.

4) Rémunération et gratification : quelles différences ?

L’un des critères les plus significatifs pour différencier l’alternance et le stage est la question de la rémunération. En effet, bien que ces deux dispositifs permettent une immersion en entreprise, les règles en matière de salaire pour l’alternance et de gratification pour le stage varient considérablement.

Salaire lié au contrat d'alternance : calcul et réglementation

En alternance, que ce soit via un contrat d'apprentissage ou un contrat de professionnalisation, l’alternant bénéficie d’une rémunération obligatoire, qui est strictement encadrée par la loi. Le montant du salaire dépend principalement de l'âge de l'alternant et de son niveau de formation. Cette rémunération est calculée en pourcentage du SMIC (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance) ou du minimum conventionnel de la branche d’activité concernée, avec des grilles de rémunération précises.

• Pour un alternant âgé de moins de 18 ans, le salaire est généralement fixé à environ 27 % du SMIC.
• Entre 18 et 20 ans, ce pourcentage augmente à environ 43 %.
• Pour les alternants de 21 à 25 ans, il peut atteindre jusqu’à 61 % du SMIC.
• Les alternants de plus de 26 ans perçoivent un salaire équivalent à 100 % du SMIC ou du minimum conventionnel.

Ce salaire peut évoluer chaque année en fonction de l'ancienneté de l'alternant dans l’entreprise et de son avancement dans la formation. Ce cadre réglementaire assure une rémunération décente pour les alternants, qui peuvent ainsi subvenir à leurs besoins tout en poursuivant leurs études.

Gratification du stagiaire : montant et conditions

Contrairement à l’alternance, la gratification pour un stage n’est pas systématique. Elle n’est obligatoire que si le stage dure plus de 2 mois consécutifs (soit plus de 44 jours de présence dans l'entreprise). En dessous de ce seuil, la gratification est laissée à la discrétion de l'employeur.

Le montant minimum de la gratification pour un stage dépassant 2 mois est fixé par la loi et s'élève à environ 4,35 € par heure (soit environ 600 € par mois pour un stage à temps plein). Cette gratification n’est pas soumise à cotisations sociales, ce qui signifie que le montant perçu par le stagiaire est net.

Cependant, il est important de noter que certaines entreprises peuvent proposer une gratification supérieure à ce minimum légal, en fonction des missions confiées et des compétences du stagiaire. Contrairement à un alternant, un stagiaire n’a pas le droit à un véritable salaire, et sa gratification reste bien en deçà de ce que pourrait percevoir un salarié ou un alternant.

Comparaison des niveaux de rémunération entre le stage et l'alternance

De manière générale, la rémunération en alternance est nettement plus avantageuse pour l'étudiant que la gratification d’un stage. Un alternant est assimilé à un salarié et bénéficie ainsi d’un salaire stable, des cotisations sociales, et parfois même d’avantages comme les tickets restaurant ou la mutuelle d’entreprise. À l’inverse, la gratification d’un stagiaire reste symbolique et ne permet pas de couvrir tous les frais liés à la vie étudiante.

5) Accompagnement et encadrement : stagiaire vs alternant

L’encadrement en entreprise est un facteur clé pour la réussite d’un stage ou d’une alternance, mais les niveaux d’accompagnement diffèrent considérablement entre ces deux dispositifs.

Accompagnemnt d'un stagiaire : un suivi souvent moins structuré

Le stagiaire, en entreprise, bénéficie d’un encadrement qui peut être variable en fonction de l’entreprise et de la durée du stage. Généralement, un tuteur ou un maître de stage est désigné pour accompagner le stagiaire tout au long de son expérience. Ce tuteur joue un rôle d’interface entre le stagiaire et les différentes équipes de l’entreprise, mais son niveau d’implication peut varier.

Dans de nombreux cas, les stagiaires se voient confier des missions d’observation ou d’assistance, avec un niveau d’autonomie et de responsabilités relativement faible. En raison de la durée souvent courte du stage (entre 1 et 6 mois), l’intégration du stagiaire est généralement plus légère, et le suivi de ses performances peut être moins rigoureux. Cela ne veut pas dire que l’accompagnement est moins important, mais il est souvent moins formalisé que pour un alternant.

Encadrement de l'alternant : un suivi rigoureux et formalisé

En alternance, l’accompagnement est bien plus structuré et institutionnalisé. Un tuteur ou un maître d’apprentissage est désigné dès le début du contrat pour assurer un suivi rapproché de l’alternant. Le tuteur a pour rôle de transmettre les savoir-faire et compétences pratiques nécessaires à la profession, tout en assurant une évaluation régulière de l’alternant.

Le tuteur d’alternance doit aussi assurer une bonne coordination avec le centre de formation pour garantir une cohérence entre la théorie et la pratique. Des points d’étape sont souvent organisés pour vérifier la progression de l’alternant, avec des objectifs bien définis à chaque étape. L'alternance implique donc un engagement plus profond de l'entreprise, car l’alternant fait véritablement partie de la stratégie de développement des compétences de l’entreprise.

Comparaison des niveaux d'accompagnement entre un stagiaire et un alternant

En résumé, si l’encadrement des stagiaires est souvent plus souple et dépend largement de la taille et de la culture de l’entreprise, celui des alternants est systématiquement plus formalisé. L’alternant étant vu comme un futur collaborateur à part entière, il bénéficie d’un suivi rapproché, d’un encadrement pédagogique structuré, et d’évaluations régulières. Cette approche favorise une montée en compétences progressive et efficace, permettant à l’alternant de mieux s’intégrer dans le monde du travail.

6) Recruter en alternance ou en stage : quel profil pour quel besoin ?

Le choix entre recruter un stagiaire ou un alternant dépend en grande partie des besoins spécifiques de l'entreprise et des missions à confier. Alors, comment savoir quel dispositif est le plus adapté à votre situation ?

Le stagiaire : une aide ponctuelle pour des missions spécifiques

Un stagiaire est souvent recruté pour des missions à court terme ou pour des projets spécifiques qui ne nécessitent pas un engagement sur la durée. Les stages permettent à l’entreprise de bénéficier d’un regard neuf sur ses activités, tout en offrant une première expérience professionnelle à l'étudiant. C'est une excellente option pour des missions de découverte, d’observation, ou pour apporter un soutien temporaire sur des tâches moins critiques.

Les stages sont particulièrement adaptés dans les cas suivants :

• Missions ponctuelles : Les stages permettent de répondre à des besoins temporaires sans engager l’entreprise sur le long terme.
• Projets courts : Si vous avez un projet nécessitant un appui temporaire (par exemple, une mission de 3 à 6 mois), le stage peut être une solution intéressante.
• Découverte du métier : Le stage permet à l’étudiant d’explorer un secteur ou une fonction, souvent avec un niveau de responsabilité limité, mais encadré.

L'alternant : une intégration sur le long-terme avec un impact durable

L’alternant, quant à lui, est engagé sur une période longue, allant de 1 à 3 ans. Cela en fait un excellent choix si vous cherchez à former un futur collaborateur et à l’intégrer progressivement dans vos équipes. L’alternance est particulièrement intéressante pour des missions à moyen et long terme ou pour des postes nécessitant une montée en compétences progressive.

Les contrats d'alternance sont idéaux dans ces situations :

• Renforcement des équipes sur le long terme : Si vous cherchez à former un collaborateur pour le préparer à un futur emploi au sein de votre entreprise, l’alternance est une option stratégique.
• Développement de compétences spécifiques : L’alternant a le temps de s’approprier les méthodes de travail et les outils spécifiques de votre entreprise.
• Anticipation des recrutements futurs : L’alternance permet de préformer un salarié avant même la fin de ses études, offrant ainsi une transition fluide vers un contrat à durée indéterminée ou déterminée.

Comment choisir ?

Si votre entreprise a besoin d’une solution temporaire pour une mission ou un projet bien défini, un stagiaire sera probablement le choix le plus judicieux. Si, en revanche, vous cherchez à former un collaborateur sur le long terme, avec un engagement mutuel pour son apprentissage et sa montée en compétences, un alternant sera un atout majeur pour votre équipe.